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impromptus littéraires - Page 3

  • Toi, émoi !

    A la deuxième personne du singulier...
     
    Je me rappelle à ton émoi
    (le premier entier sous le ciel)
    les vents ouvraient là-haut des voies
    vers quoi tu lançais des appels
     
    Le nez collé à la fenêtre
    à genou sur le coffre plein
    d'un fatras prodiguant peut-être
    un hier plus doux à deux mains
     
    Tu fredonnais des mélodies
    rameutées d'archaïques âges
    Un lent remède à ton ennui
    à défaut de plus sûr courage
     
    Tu savais n'avoir pas les mots
    (mais tu les trouverais plus tard)
    pour orner de coquelicots
    l'alcyon niché dans ton regard
     
    Si souvent le fleuve a mué
    de l'or au brun sa course lente
    Lui as-tu, par foi, murmuré
    le secret de ta peine aimante !
     
    Des martinets la virevolte
    un temps, ne te parut pas digne
    de la nébuleuse révolte
    où s'abreuvait ton Chant du Cygne
     
    Tu es sorti du long silence
    qui t'aura saisi à la gorge
    peut-être par inadvertance
    par le désir qu'un songe forge
     
    Un soleil nu à chaque bras
    flanqué de matins prometteurs
    est-ce toi que je remets, là
    où cessent ta fièvre et tes peurs ?
     
    Tes yeux sont les miens désormais
    Tu m'as mis tes mots dans la bouche
    Et par ta malice, Poucet
    m'enhardit l'ombre que je touche
     
    Tu me raccordes cet émoi
    jadis éprouvé sous le ciel
    Et que je m'en morde les doigts
    si j'oublie jamais ton appel !
     
     
    deuxième personne du singuliertiniak ©2014 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire  - tiki#205

  • apostasie

    L'ivresse goûtée mot à mot
    Le regard à l'offre éternelle
    Le sourire au bas de l'échelle
    Le pas confiant, par monts, par vaux
     
    L'histoire inventée par l'aurore
    L'horizon comme un lent soupîr
    Le géant tiré du nadir
    Le chant luisant du fleuve d'or
     
    Le rêve aux portes de l'oubli
    Le continent plus loin, ce soir
    La peur laissée dans le couloir
    L'élan fragile de l'esprit
     
    Le salut prodigieux d'un psaume
    La paix sereine du pardon
    La très singulière chanson
    La main entière dans la paume
     
    Le serment exempt d'hypothèque
    L'épaule couverte d'un bras 
    Le tonnerre ourlé dans la voix
    L’œil plus frais qu'un jus de pastèque
     
    J'ai tout perdu à ton départ
    pourtant que tout reste à portée
    du goût, du toucher, du regard
    de l'odeur prise à l'oreiller
     
    Dans le désert de ton absence
    qu'étale un ciel sourd et muet
    je me cherche une autre évidence
    à la présence des nuées
     

    poésie,impromptus littéraires,abandon,pastèque,apostasie,ovni

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
  • rue, mine !

    C'est la venue des gens petits
    l'artère des fins microbiennes
    il y circule des semaines
    un laborieux ordre établi

    Claque, talon ! L'autre tape un
    joufflu perdu pour le Trésor
    Négoce des petites morts
    dimanche s'en lave les maints

    Ça va; ça vient, de l'aube à l'aube
    en s'ignorant le mieux possible
    et masquant des zones sensibles
    l'âcre fumet de maigre daube

    J'ai laissé mon chien à son jeu
    mes rêves crus au caniveau
    sous ses pavés mes idéaux
    couverts de bitume spongieux

    Mais c'est la mienne; et j'y retourne
    à ne plus savoir en quel sens
    par automatique évidence
    et n'espérant pas de ristourne

    C'est là que je divague entier
    une heure, un instant et ma mort
    occupés à tirer des bords
    vers ses rivages séculiers

    C'est là que je navigue encore
    une heure, un instant, volontiers
    hissant ma verve à son hunier
    gonflée d'un souffle franc de port

     

    poésie,rue caponière,impromptu,ruade,hors recueil,impromptus littéraires

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un impromptu littéraire - tiki#195

  • border line melodies

    Quoique jeune encore
    mais sur le retour
    et pas tant pressé de s'aller rendre ses devoirs
    un pas familier
    décompte à rebours
    ses vestiges ajournés sur d'abruptes trottoirs

    Sois bon camarade,
    tape sur l'épaule;
    ça peut pas lui fair' de mal
    (c'est, de là, bonne école)

    ***

    Pour l'art de l'étourdissement
    porté jusqu'au ravissement
    (comme l'autre de liane en liane)
    il s'affiche nu sous son pagne
    un singe empaillé sur le flanc
    - le dimanche, immanquablement !)

    Aux yeux de tous, vous dis-je !
    Quen j'en ai des vertiges !
    Aux yeux de tous, monsieur l'Agent

    Et poussant des cris de Sauvage
    Et des postures, davantage...!

    Ah, sinécure, Jésus Christ !
    d'avoir engendré tel artiste !

    ***

    Il était vain d'entasser là
    dans ce véhicule
    hauts débits sur le contrat
    les contritions de forçats
    arrachées à leurs misère
    sur le simple préambule
    d'une poignée délétère

    Transit à l'aire dounanière
    un parfum de mort
    émane d'un container
    parqué sur le port

    Quel sinistre ridicule
    que leur triste anonymat !
    Pitance crédule
    ils étaient vingt entassés, là

    ***

    J'aime comme je le hais
    cet espace infime
    où je n'ose m'aventurer
    par le désir, ni le toucher
    vers les trésors parfumés
    de l'Autre, à son intime

    ***

    Devant, sous la lueur matinale, embrumée
    dans sa vaste candeur, le labour en sommeil;
    dessus, l'envol subit et criard des corneilles;
    derrière, à pas de loup, la faune du bosquet

    L'ennui s'est, peu à peu, teint d'humeur assassine...
    Au pied, la carabine attend, le chien cranté.
    Jugée sur l'incurie de sa bonne santé,
    l'ignorante enjouée avance vers sa ruine.

    Un éclat stoppe net, plus mat que le tocsin,
    le fol et bel entrain de sa course amoureuse
    et la laisse sans voix - finie, la chansonnette !

    Elle n'a pas le temps de porter à sa tête
    la main charnue disant ses formes plantureuses,
    un filet rouge sang mêle son rideau brun.

    ***

    - How d'you feel?
    - Fine... What about you?
    - Border line, thank you.

     

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#172

    un roi sans divertissement 

     Et aussi, cette précédente participation pour le thème du "Message sur le frigo"
    - Impromptu Littéraire - tiki#171

     

    Tout ça pour un mot
    collé sur le frigo
    Malgré les degrés sous zéro
    je suis allé marcher sur l'eau
    ma tête au bord du lac
    à l'envers dans un sac
    ça puait le vieux pain, le poisson
    comme s'il en pleuvait à foison
    quand je l'ai retirée
    de la jute encore imprégnée
    Quoi ! Tout ça pour l'enfer
    d'un mesquin Frigidaire ?

    Tout ça pour un mot
    un sacré mot de trop
    Un défi jeté par dépit
    pour avoir déserté le lit
    de nos vaines amours
    au fantasque Toujours
    où brûlent sur un brasero
    une incomplète libido
    qui noie de la semaine
    le doux fumet de madeleine
    Et tout ça pour l'invite
    d'un capricieux post-it ?

    Tout ça pour la gloire
    de taiseux mésespoirs
    Pour, des clous plein les pieds, les mains
    porter le fardeau quotidien
    de ce luxe : tes doutes
    sur ma trop frustre écoute
    Et quoi ! ne suis pas saint, mais homme
    et comme toi dans le barnum
    pauvre, nu, singulier
    mais fier et, malgré tout, entier
    et relisant ton mot
    collé sur le frigo :

    "Et quoi, vieux !
    Tu te prends pour Dieu ?"
    Oui, ça ! J'en relève l'enjeu !

     carambar

    tiniak ©2013 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    tiki#171

     

  • Le jour se met en frais pour le soir à venir...

    Le jour se met en frais pour le soir à venir
    appuie de longs soupirs, à soulever les jupes
    des arbres alignés (qui, n'en soyons pas dupes
    gardent leur naturel)
    J'en reconnais l'appel et m'apprête à sortir

    La chaussée affublée d'un semblant de miroir
    égoutte ses trottoirs poisseux de feuilles mortes
    Tant pis pour la saison, je referme la porte
    l'air de n'en pas souffrir
    arborant gris sourire et galure de foire

    J'ai tout laissé dedans, la maison est tranquille
    et se tient en droit fil des mitoyens étals
    soucieux de politesse environnementale
    juste particulière
    contenant son enfer de grave, de futile

    Devenu étranger, me redore l'estime
    avec mon anonyme à son petit galop
    sabotant le mépris des volets, des rideaux
    ou des porches malades
    vais comme à la parade agrémenter ma rime

    D'un vaporeux frangin pinaillant son rentier
    je me fais un prunier au bruit de maracas
    avant de m'attabler quelques miennes sœurasses
    à l'allure nantaise
    racées à la balaise et tendres du poignet

    Un idiot cherche noise et le parti d'en rire
    le ramène à vrai dire au meilleur de lui-même
    Il quitte, auréolé d'un absolu « je m'aime »
    l'assemblée qui s'en moque
    et s'en va déverser ailleurs son soliloque

    La patronne a jeté dehors le festival
    On invoque Stendhal, que la nuit se prolonge
    "Il faut secouer la vie, avant qu'elle nous ronge"
    Pour ça, j'ai mon idée
    que j'aurai démontrée si tu cèdes, vestale !

    Mais tu as repoussé la manœuvre grossière
    l’œil et le tétin fiers d'être à leur vocation
    pour le Seul Qui de Droit et par Obligation
    refermera la porte
    laissant pour lettre morte une audace éphémère

    La nuit s'est mise au frais pour le jour à venir
    J'égaille mon désir à mater sous les jupes
    des arbres allumés (qui, n'en soyons pas dupes
    pichetgardent leur naturel)
    Il me tombe du ciel une envie de vomir

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#126